Écorce

Ce qui touche, dans ce film, c'est le grain du papier. Pas que, mais ça joue. L'écorce dont on parle, c'est aussi ce grain, en plus d'être ce que devient la peau à force de passer les années. "Écorce" croque des moments creux, fait entendre des bribes, raconte par morceaux les couloirs d'une maison de retraite. Et il met en scène ce qu'il est : un carnet de croquis. Il montre ses reliures et ses bouts de scotch. Et c'est comme si nous accompagnions les yeux et la main d'un dessinateur. On regarde par dessus son épaule, fascinés par le trait précis et spontané, comme en train de s'élaborer. Comment sont faites ces mains noueuses, avec tous leurs angles, et ces cheveux hirsutes, et ces rides-là ? Mine de rien, en observant leurs dessins, on apprend comment sont les choses.

Jérémie Jorrand
Responsable de l'éditorial et de la programmation de Tënk