L'image du drapeau rouge qui flotte au-dessus d'un nid de cigogne a de quoi intriguer. Mais nous ne nous trouvons nullement dans un village alsacien rallié à la révolution de novembre 1918... Premier d'une série de films au long cours que Volker Koepp dédie aux régions passées sous domination russo-soviétique après 1945, "Kalte Heimat" nous mène sur les côtes et dans quelques bourgs et hameaux du Kaliningradskaya Oblast. Cette partie nord de l'ancienne Ostpreussen, rattachée à l'URSS, était restée zone militaire, inaccessible aux étrangers jusqu'en 1991.
La curiosité du réalisateur l'aura emporté sur ses appréhensions : poser des questions de patrie, d'enracinement et de voisinage au début des années 1990 sur ces terres aux multiples tragédies et au statut toujours contesté par les puissantes organisations des expulsés allemands qui, pendant les décennies d'après-guerre, ne cessaient de clamer leur droit au retour, était alors une entreprise hautement délicate pour un Allemand. Et Volker Koepp avance à pas de velours, non sans maladresses (il parle "migration", on lui répond "voyage de la mort"), avec sa caméra 35mm dont le seul aspect réveille parfois des méfiances profondément enracinées (les services secrets sont passés par là...). Et si les propos toujours prudemment conciliants et œcuméniques cueillis durant ses rencontres ne font qu'effleurer les souffrances subies, c'est l'espace ouvert par ces images des paysages majestueux déployées par Koepp qui nous permet d'en ressentir toute la profondeur. À suivre...
Jürgen Ellinghaus,
réalisateur
L'image du drapeau rouge qui flotte au-dessus d'un nid de cigogne a de quoi intriguer. Mais nous ne nous trouvons nullement dans un village alsacien rallié à la révolution de novembre 1918... Premier d'une série de films au long cours que Volker Koepp dédie aux régions passées sous domination russo-soviétique après 1945, "Kalte Heimat" nous mène sur les côtes et dans quelques bourgs et hameaux du Kaliningradskaya Oblast. Cette partie nord de l'ancienne Ostpreussen, rattachée à l'URSS, était restée zone militaire, inaccessible aux étrangers jusqu'en 1991.
La curiosité du réalisateur l'aura emporté sur ses appréhensions : poser des questions de patrie, d'enracinement et de voisinage au début des années 1990 sur ces terres aux multiples tragédies et au statut toujours contesté par les puissantes organisations des expulsés allemands qui, pendant les décennies d'après-guerre, ne cessaient de clamer leur droit au retour, était alors une entreprise hautement délicate pour un Allemand. Et Volker Koepp avance à pas de velours, non sans maladresses (il parle "migration", on lui répond "voyage de la mort"), avec sa caméra 35mm dont le seul aspect réveille parfois des méfiances profondément enracinées (les services secrets sont passés par là...). Et si les propos toujours prudemment conciliants et œcuméniques cueillis durant ses rencontres ne font qu'effleurer les souffrances subies, c'est l'espace ouvert par ces images des paysages majestueux déployées par Koepp qui nous permet d'en ressentir toute la profondeur. À suivre...
Jürgen Ellinghaus,
réalisateur