Ivre de soule

La petite caméra vidéo est au plus près des visages, des regards, des corps qui se touchent ou sont mis à rude épreuve. Les images bougent, tanguent parfois. Dans leur imperfection même, elles arrivent pourtant à saisir quelque chose de l’énergie de cette équipe de rugby amateur, de sa cohésion et de ses rites. Que ce soit sous la douche, lors des longs trajets de bus au retour des matchs ou lors des 3e mi-temps, Skander Mestiri s’immerge dans le groupe et trouve un langage pour rendre compte de ce qui relie ces hommes. Car ce qui se joue entre eux n’est pas seulement la question de la compétition ou de savoir qui va gagner le match. "Ivre de soule" réussit à nous faire éprouver les mécanismes de cette solidarité et de la construction d’une identité masculine. Sans jugement ou moquerie. À la juste distance.

Éva Tourrent
Responsable artistique de Tënk