Makongo

La force de ce premier film tient au regard porté par un cinéaste africain sur les réalités de son pays et sur un peuple stigmatisé par le reste de la société centrafricaine, les Pygmées Aka. On y suit les combats quotidiens d'André et Albert qui font preuve d'une détermination sans faille pour continuer à étudier et permettre à de jeunes enfants d'aller à l'école. Elvis Sabin Ngaïbino les accompagne, dans la dureté de leur périple et de leur déconvenues. Quelles que soient les situations d'humiliation traversées, le regard du cinéaste ne se détourne pas, mais choisit de témoigner et d'être au plus près de ceux qu'il filme. Ce premier film sensible, tout en retenue, loin de toute préoccupation compatissante, parvient à saisir dans un geste ou l'expression d'un visage ce qui se joue au cœur de l'existence malmenée de ces hommes, et à porter haut le combat de toute une communauté.

Maïté Peltier
Responsable de la programmation du festival Filmer le travail